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« Misery » : un thriller mené de main de maître au Théâtre Hébertot

Le thriller est un genre difficile au théâtre. Qui nécessite une précision d’horloger pour embarquer l’audience dans les affres du suspense. Pari superbement réussi avec l’adaptation de « Misery » de Stephen King. Un huis clos à haute intensité qui offre une expérience théâtrale unique et exceptionnelle.

Pour monter leur « Misery », Daniel Benoin (mise en scène) et Viktor Lazlo (adaptation française) se sont tournés vers l’adaptation du roman qu’a faite le maître-scénariste américain William Goldman pour le film éponyme de 1990 (réalisé par Rob Reiner, et qui a valu l’Oscar de la meilleure actrice à Kathy Bates). Un choix sûr tant le travail de Goldman se prête aux exigences de précision du théâtre.

Si « Misery » est montée pour la première fois à Paris, la pièce a déjà été jouée avec succès à Broadway avec Bruce Willis et Laurie Metcalf. La version française devrait rencontrer le même succès que sa devancière américaine tant la mise en scène, le décor, et les interprétations sont soignées. Un spectacle aussi intensif qu’immersif qui prend aux tripes de la première à la dernière seconde. La légende du théâtre, Michel Bouquet, qui a assisté à la pièce la semaine dernière, a semble-t-il apprécié le spectacle, évoquant « une performance en tous points digne de reconnaissance ».

L’histoire de Paul, auteur à succès de romans de gare, alité après un grave accident de la route, qui est secouru par Annie, une femme aux allures simples qui a tout de la bonne samaritaine. Sauf que la bonne samaritaine se transforme, au fil des minutes, en monstre. Une admiratrice de l’auteur et de ses romans d’amour qui veut prendre le contrôle de son œuvre, quitte à le détruire.

Incapable de bouger. Livré à cette psychopathe dans une ferme reculée du Colorado, Paul doit lutter avec ses armes. Son corps l’ayant lâché, il tente de reprendre la lutte, armé de sa machine à écrire. Un face-à-face fascinant servi par deux grands acteurs, Myriam Boyer (Annie) et Francis Lombrail (Paul).

La machinerie de ce thriller est impeccable. D’une précision redoutable. Une ambition de proposer un grand spectacle et une véritable expérience à l’audience qui est hélas trop rare dans le monde du théâtre parisien, parfois frileux à l’idée de sortir de ses zones de confort. « Misery » va à contre-courant de cette tendance et propose une expérience unique aux spectateurs.

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